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Maraud'Art
2014 (Maraud'Art)
Exhibition : Maraud'Art (solo) @ Galerie Janine Rbeiz, Beirut

 Les oeuvres

 Text in english - النص باللغة العربيّة

Maraud’Art

Je peins à la maraude. J’assemble à la maraude. Je construis à la maraude. Et je réfléchis à la maraude.

Je suis un maraudeur. Un marcheur solitaire affamé et insatiable. Mon champ de vision est l’instant présent écrasé par la charge des souvenirs. Allégé par la frivolité des matériaux. Je suis un ogre de l’usé.

J’assouvis ma quête avec ce que je trouve. Et quand quelque « truc » me rencontre et me fixe dans les yeux, je le saisis, je le brutalise et le caresse. Je l’interroge comme un accusé. Je l’invite à sa destinée. Lui offre un cadre à sa perdition.

Du tissu, du bois, des cailloux. Des poils, des cheveux, des griffures. Un monde se crée et se « décrée ». Nouvelle vie aux matériaux sans vie.

Je suis un maraudeur de l’art. Je dévore les instants délaissés dans les restes du vécu. Les damnés de la fonctionnalité. Les parias du bon sens.

Je prends mes poils blancs comme une grimace contre le temps. Une lumière de sarcasmes au goût amusé du condamné.

Je construis avec des éléments usés, ce monde invisible mais déterminant de l’existence.

Je réveille les monstres qui ne cessent de ronger notre essence et les dompte. De la terre écrasée par mille sabots. Des cailloux flirtés par d’autres choses que le soleil. Des chaussures éculées par les rencontres. Et les séparations.

Je laisse les surfaces propres aux sages du bon sens. Les harmonies délicieuses aux drogués des salons. Les bonnes règles aux bons chics. Et je prends mon râteau et un sac sur l’épaule gauche et m’éclipse devant tous les adroits de la règle.

Pour Nietzsche : « L'état qui engendre la règle est différent de celui que la règle engendre.  »

Et moi, je me pose toujours cette question : Qu’as-tu fait durant ta vie ?
*  Je suis resté vivant.
- Pourquoi faire ?

* Pour empêcher les morts de continuer de mourir. Je suis un maraudart.

----------------------------------------------------------------------------------------------------bourgély


Texte en français -  النص باللغة العربيّة

 Maraud’Art

 

I paint in a marauding way. I assemble in a marauding way. I build in a marauding way. And I reflect in a marauding way. I am a marauder.

A lonely walker, famished and insatiable. My field of vision is the present moment crushed under the load of memories, lightened by the frivolity of the materials. I am an ogre of the used.

 

I satiate my quest with what I find. And when “something” passes my way and fixes me in the eyes, I seize it, brutalize it and caress it. I interrogate it as an accused. I invite it to its destiny. I offer it a framework for its destruction.

Tissue, wood and pebbles. Bristles, hair, scratches. A world is being created and « uncreated ». A new life for the lifeless materials.

I am a marauder of art. I devour the moments abandoned in the leftovers by what has been lived, the damned by functionality, the outcasts of common sense.

 

I take my gray hair as a grin against time, a touch of sarcasm to the amused taste of the condemned…

I build with used elements this invisible, but determinate, world of existence.

I awaken the monsters that don’t stop gnawing our essence and tame them.

Dirt crushed by a thousand hooves. Pebbles that are flirted by something else than the sun. Shoes worn by encounters and separations.

I leave clean surfaces for the wise people of common sense, delicious harmonies for those who are saloon addicted, proper rules for the classy folks. And, I take my rake with a bag on my left shoulder and I disappear in front all those who are adept of the rules.

For Nietzsche: “The condition that creates the rule is different from that the rule generates.”

And I always ask myself: What did you do during your life?

* I have remained alive.

- What for?

* To prevent the dead from continuing on dying. I am an art-marauder.

-------------------------------------------------------------------------------Translated by Galerie Janine Rubeiz

 


 Texte en français - Text in english 

التطواف دربي أنا صياد البقايا

بالتطواف أرسم، بالتطواف أجمع، بالتطواف أبني. وبالتطواف أيضا أفكر. أنا صياد البقايا.

وحيدا أمشي، جائعا لا أعرف الشبع.أفقي هو اللحظة الحاضرة المثقلة بالذكريات. بغنى المواد وتنوعها، أغدو خفيف الخطو.

أنا غول المستهلَك ومفترسه.

أُشبِع نهمي بما يقع بين يديّ، فإذا صادفني شيءٌ وحدّق بي أمسكتُه وعذبته من ثم حضنته. أستجوبه كمتهم ثم أتركه لمصيره وأساعده في طريقه إلى الضياع.

من القماش والخشب والحصى، من الشعر والوبر والزغب أخلق دنيا وأزيلها. حياةٌ جديدة أعطيها لموادّ لا حياة فيها.

التطواف دربي. أفترس اللحظات المتروكة فتاتا في بقايا اللحظات التي انقضت. مَن دخلوا جهنم المنفعة، من نبذهم الحس السليم.

الشيب الذي وخَطَ لحيتي، به أهزأ من الزمن. أعتبره صرخة تهكم يتسلى بها محكوم مُدان.

أستخدم مواد مستهلَكة لبناء هذا العالم اللامرئي لكن الحاسم الذي اسمه الوجود.

وتلك الوحوش النائمة التي لا تنفك تنهش داخلنا، أوقظها وأروّضها. ترابٌ داسته آلاف الحوافر. حصى تداعبها أشعة الشمس وأشياء أخرى. أحذية أبلاها اللقاء والفراق، فاللقاء والفراق، ثم اللقاء والفراق...

الأسطح والمساحات النظيفة أتركها للعقلاء ذوي الحس السليم. والتناغم والانسجام لرواد الصالونات. والقواعد والأصول للمرموقين الأنيقين. في يدي أحمل رفشي، وعلى كتفي اليسرى كيسا، وأتوارى عن أنظار الماهرين البارعين عشّاق الأصول.

إلى نيتشه: الحالة التي تنبثق منها القاعدة تختلف عن الحالة التي تنبثق من القاعدة.

وأنا أطرح دائما على نفسي هذا السؤال:

- ماذا فعلتَ في حياتك هذه؟

* بقيتُ حيا.

- ولمَ بقيتَ حيا؟

* لأمنع الموتى من البقاء أمواتاً. فأنا التطواف دربي. أنا صياد البقايا.

------------------------------------------------------------------------------- ترجمة ملحم شديد

 

Play it again Sam / L'antichambre de la maraude

Que je vole
Et je vole
Tout ce qui vole

Cinq doigts au bout des doigts
Cinq mains au bout des mains

Réfléchissent les malins
Et puis
Sur une échelle
Volent comme des marches

Que je vole comme
Une limace sédentaire
Qui se croit fleur
Et parfois oiseau

Une chaise entretient la place

Tout seul  joue de l’absurde
Et avec l’absurde joue le malin

Seul
Et un monde à deux mains
Se croit debout quand il est à genoux

Malin
Comme un vent qui passe
Bruyant 
Comme l’oubli d'une passe

Je tousse

 

In the distance, my mom dances like a dust /
Au loin, Ma mère danse comme une poussière

Les choses qui vivent

Les choses qui ne vivent que peu de temps
S'exclament

Autour d’une danse

Entre leurs vies suspendues au blasphème
Se cloître une déraison 

Réelle
Comme une hanche mal formée 

Dans des chemins à pas forcés
Telle une prison
Faite de goût calciné
S’efforcent les éveillés
À ne plus s’exclamer 

Vinaigre
Léger comme l’instant présent
Le sourire d'un instant
Vinaigre

 

To the solitary, a thought /
Aux solitaires, une pensée

Les rêves qui courent
Derrière un rêveur
Se vantent d’être les vérités
Dont souffrent les dormeurs

Quand la soif caresse les gorges
Les mots étranglent les pensées
Et se vautrent dans un rêve
Stérile
Et muet

 

Where they go, Jacques / Où allaient-ils, Jacques ?

Les regards s’effritent
Comme des cailloux parsemés

Un chemin qui rôde depuis …
Se perd dans une plume 
Passagère et malmenée

Valise contre valise
Le répit est un bagage 
Un regret à entretenir
Une tasse de thé

Où aller
Si partir
N’est point option
Et que
Le maître sans avis
Ne fait que parler

J’ai dressé ma mule
A ne fermer les yeux
que pour brouter des instants
De lucidité

Jacques
Regarde bien
Et enlève l’humeur de tes yeux
Tu ne vois plus
Que les traces de tes pieds

 

Men do not know where they can hide /
Les hommes se trompent de cachette

Le sol solitaire enterre sa gloire
Quand un homme se lamente 
Et titille son regard

Seul, il se cache
Car la foule se disperse
Et de son bruit si fade
Il se vante
Et se fâche

Ses fragments émiettés 
Se font chaise blanche
Et sans pieds

Seul, il se cache...

Qui décide de quand
S'attarde un hiver
Si avant ou après 
s'enterre une empreinte

Il se fait une date
Avant la gelée du regard
et se cache
Dans une salle
Au recoin si bizarre
Qu'une fleur pousse
Dans un édredon

Seul, il se cache...

 

!

Je ne sais pas 
Si l’étonnement est communicable
Car debout
Le monde se réduit

Et si la planète rectangulaire 
Comme mordue
Souille les pieds
Et se réduit

Une boîte
S’étonne de l’incrédule
Épouse un ravin
Et s’évanouit

 

...

Suspendre les dates
Les naissances sont cruelles
Je défie la route
Sinon le chemin

Suspendre les dates
tous les trois sont symboliques

Je dérive
Vers un temps
Où je n’étais 
Que gamin

 

?

Quoi ?
Je me promets d’être coi

De quel coin s’agit-il ?
De quelle étoile ?

Mes chaussures comme trophée
Et le chemin très long

De quelle étoile s’agit-il ?

Je me penche 
Pour partir ...

Ai-je oublié ?
Que l'étoile semble rouge ?
Comme le moi
d'avant

Ai-je oublié ?